Grand habitué des camps d’été, j’ai encore une fois travaillé dans un summer camp, deux sessions de 3 jours.
Un peu à la manière du camp linguistique en Irlande (été 2007) où les jeunes irlandais devaient parler français, cette fois-ci tout un groupe de japonais devait parler anglais. La différence notable c’est qu’avec des collégiens et 3 mois d’anglais dans les pattes, on ne va pas bien loin.
A vrai dire, faire parler des japonais en anglais, c’est vraiment pas facile. Non seulement ils n’ont pas appris beaucoup, mais en plus ils ne veulent pas utiliser ce qu’ils savent.
Au départ, dans la bus, il y a un peu l’attrait de la nouveauté. Allez, on va essayer de dire « hello » au Gaikokujin (ou Gaijin familièrement, étranger). « How are you ? » « I’m fine thanks ». Mais une fois les salutations terminées on retourne dans un enfermement difficile à casser. Pour tenter de continuer le contact je montrais la fonction « une couleur » de mon appareil photo. Ou alors ma collection de billets étrangers (très utile pour réviser les pays et les chiffres). Mais il faut en trouver des tactiques de communication pour pas se faire sortir de la discussion, qui alors revient en japonais.
Les captains, ou schtroumpfs.
Communication également difficile avec les professeurs, qui sont parfois aussi bons en anglais que leurs élèves. Ils sont probablement meilleurs, mais encore une fois, l’hésitation et la timidité les empêchent de faire tout premier pas. Heureusement on arrive quand même à communiquer 🙂
Une joyeuse membre du staff
A l’école l’accent est mis sur le respect des règles, la conformité. Un élève en retard de 5 minutes peut subir devant tout l’école une engueulade d’une demi-heure.En assemblée, chaque intervenant attendra de pouvoir entendre les mouches pour ensuite se faire saluer (ki wo tsuke !….rei ! préparez-vous ! saluez ! )
Cette notion du respect des règles est tellement bien instituée qu’elle n’émane plus simplement de l’autorité supérieure mais aussi à l’intérieur des groupes. Pour ces voyages on avait plusieurs classes. Chaque classe avait 2 bus, et dans chaque classe des petits groupes de 7 personnes avec un leader. Donc la responsabilité passe desfois à ces leaders qui devaient faire en sorte de tenir leur groupe en ordre, être sûr que tout le monde soit là, etc… Peu d’intervention des profs quand ça chahute dans le bus. Et pour éviter que le prof intervienne c’est parfois entre eux que les ten sont remis sur les ka (か) (équivalent trouvé à l’instant pour le i).
Ca m’a amené à me poser des questions sur l’éducation japonaise. Lors de ces deux camps, la situation était un peu différente.
Premier camp, groupe super formel. Professeurs supers stricts, niveau de politesse bien élevé lors des discours, il faut se tenir à carreau. Quand on arrive à leur école, ils sont en rangs, (presque)silencieux, à attendre. Avec les élèves ce fut d’une incroyable difficulté de leur faire sortir des mots qu’ils savaient.
Deuxième camp, moins strict (même si on reste encore au Japon). On arrive à leur école, ils sont par ici par là, nous voient arriver et font quelques essais avec leur anglais. Pendant la suite du séjour ce fut infiniment plus facile que le premier groupe pour les faire discuter un peu.
Alors, au final, former les japonais à suivre les règles, ça reste quelque chose de très bien. Peu de criminalité, villes propres, une grande civilité au quotidien, un respect des règles qui au final fait tourner la machine « Japon ».
Mais avec ce respect des règles j’ai l’impression que s’accompagne une répression de l’individualité, faut pas s’avancer par rapport aux autres. Le clou doit rester enfoncé. Et comme j’ai pu le voir ça freine les rapports avec les autres, l’Autre. Élèves comme enseignants, ça n’a pas été très facile d’entrer en contact.
Ou bien c’est peut-être surtout une histoire de temps. Il est vrai que 3 jours ça reste court.
Mais que l’on se rassure, ils sont tout à fait gentils et ça m’a redonné de la motivation pour améliorer mon japonais.
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